Devons nous rouvrir les écoles ?

La FCPE de Saint-Denis est juste une fédération de parents d’élèves. Et notre analyse est juste celle de parents. Elle se fonde d’abord sur les échanges que nous avons entre parents d’élèves de Saint-Denis, et enrichie par un sondage en ligne auquel 450 parents Dionysiens ont répondu.

La situation spécifique de notre territoire doit être prise en compte : la très grande précarisation de certaines familles due ou amplifiée par le confinement (cf. articles de presse) ainsi que les retours d’expérience des professionnels ayant travaillés à l’école Joliot-Curie pour les enfants de soignants, dans les parcs ouverts aux enfants handicapés et les centres aérés de la ville.

Cette reprise imminente inquiète les parents : 65% d’entre eux ne souhaitent pas que les  enfants retournent à l’école le 11 mai. Le protocole sanitaire sera extrêmement difficile à mettre en œuvre. L’application des gestes barrières sont particulièrement difficiles à appliquer chez les enfants, surtout pour les plus jeunes. Ils ont raison : les recommandations du Conseil scientifique et de l’Ordre des Médecins s’opposaient à une réouverture aussi prématurée, préférant attendre le mois de septembre.

S’il y a une ouverture des écoles, c’est bien la santé et la sécurité de tous qui sont en jeu et qui restent la priorité : celle des élèves, des enseignants, des agents et de toutes les familles.

Les parents sont en outre préoccupés par l’état des sanitaires et leur surveillance. Ils  souhaitent être pleinement associés au processus de réouverture par la tenue d’un conseil d’école extraordinaire dans chaque établissement et demandent à disposer d’une information fiable et partagée. La reprise est basée sur le volontariat des familles et des enseignants. Nous demandons qu’une attestation soit fournie aux parents qui veulent et peuvent continuer l’école à la maison quel que soit le niveau d’ouverture de chaque école.

Pendant le confinement, les “petites mains” Dionysiennes ont souvent continué de travailler à l’extérieur (10% des sondés). De nombreuses familles ont subi une perte nette de revenu faute d’activité professionnelle suffisante. Certaines familles connaissent des situations de grande précarité, provoqué ou amplifiée par le confinement.

On relève que des gardes d’enfants alternatives (voisins, autres familles, grands parents) ont été organisées par les familles, peut-être plus risquées qu’un accueil en structures collectives par des personnels formés et en nombre suffisant. Aujourd’hui, de plus en plus de parents subissent une pression forte de leur employeur pour retourner au travail.

La nécessité de proposer un mode de garde l’emporte au moins dans un premier temps sur la nécessité pédagogique. Il est nécessaire de disposer de structures collectives professionnelles dans ce contexte (les accueils de loisirs et les crèches). La reprise doit se faire de façon très progressive, à la fois pour accompagner la reprise d’activité des parents, avec un nombre restreint d’élèves mais aussi pour ne pas risquer de relancer une vague de contagion.

L’éloignement de l’école est préjudiciable à tous les enfants. La continuité pédagogique a différé d’une famille à l’autre mais aussi d’un enfant à l’autre (partiellement faite pour 14,4% des parents, diffèrent selon les enfants de la même fratrie pour 13,8%, seulement 1,4% estiment qu’elle n’a pas été faite) avec des parents qui ont souvent continué de travailler (en télétravail pour 41%). Quant à la continuité pédagogique dans les classes UPE2A et ULIS, elle a été quasi impossible. Enfin de nombreux élèves ont “disparu des radars” : numéros de téléphone invalides, pas d’équipement informatique, etc.

Il y aussi un contexte propre à ce confinement, difficile pour certaines familles. Des élèves ont pu souffrir d’un confinement long, subir des violences ou des manques alimentaires. D’autres craignent être vecteurs de la maladie. Certains ont vu des cas de maladie ou de décès parmi les membres de leur famille ou de leur voisinage. Les parents reconnaissent bien sûr la dimension socialisante de l’école (besoin de retrouver les copains). 

Nous demandons que soit pris en compte l’état de santé (physique et psychologique) des enfants. Les élèves les plus en difficulté notamment allophones, ainsi que les élèves les plus éloignés de l’institution devraient pouvoir être accueillis prioritairement. Un support (psychologique, matériel) devra être apporté aux enfants et familles les plus touchés.

La réflexion doit rapidement porter sur la période des vacances d’été et la réouverture des structures collective (parc, gymnase). Cette réflexion doit en particulier intégrer la véritable rentrée de septembre, si elle peut avoir lieu. Des décisions fortes devront être prises, assorties des moyens correspondants, pour augmenter le nombre d’agents territoriaux chargés du nettoyage et de l’encadrement des enfants, améliorer l’état des sanitaires dans tous les établissements scolaires, enseigner les nouvelles règles d’hygiène et de protection, dé-densifier les lieux scolaires en utilisant d’autres espaces que ceux de l’école pour limiter au maximum le nombre d’élèves par classe, et revoir la réforme du lycée où les élèves sont brassés à d’un cours à l’autre.

Merci à Tug pour les illustrations

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