Pénalités cantine: Entretien avec B., cadre du périscolaire

Entretien avec B., cadre du périscolaire, 15/05/2025.
Tous les points abordés dans cet entretien ont été confirmés
par d’autres entretiens avec des agents et des syndicalistes de la Ville, certains en audience avec la ville*.

FCPE : Comment se passe le pointage le midi, vous voyez les problèmes de réservation ?

Agents : D’abord, il faut savoir que les équipes d’animation n’ont aucune visibilité sur la facturation et les réservations. Nous ne gérons que la présence et l’absence des enfants. Les enseignants notent
les présents le matin, le midi on pointe sur un cahier et ensuite on transfère sur la tablette pour l’administration les enfants présents. C’est eux qui confrontent les fichiers. Nous, on ne sait pas qui
a réservé ou non.

FCPE : Pourtant, les repas sont bien préparés en fonction des inscriptions ?

Agents : Non, la quantité des repas livrés correspond à une estimation des présents en fonction
des effectifs accueillis en moyenne**. Et un certain nombre de repas supplémentaires au cas où il y ait des enfants en plus. Et les repas sont livrés deux jours avant.

FCPE : Mais alors, c’est le même système qu’avant la réservation ? Elle est pourtant supposée permettre d’éviter le gaspillage alimentaire ?

Agents : Non, ça n’a aucun effet contre le gaspillage ! Ce qu’ils appellent la lutte contre le gaspillage, c’est autre chose, c’est la diminution des quantités. Les parents ne le savent pas en général, mais par exemple en maternelle, il y a toujours un des éléments du menu entre parenthèses. L’entrée,
le fromage ou le dessert. C’est inscrit sur le menu, mais en fait ce ne sera pas servi aux enfants. En maternelle, ils ont aussi 1/2 steack, ou 1/2 ration de poisson. Ils ont faim, ils sont en pleine croissance, pour certains c’est dur : ils sont là jusqu’à 18h, 19h… Souvent, au moment du goûter, les petits l’ont déjà mangé parce qu’ils sont affamés ! Même le pain, c’est juste, particulièrement les jours où il y en
a au goûter [les mercredis et vacances – ndlr], du coup les portions sont plus restreintes le midi.

FCPE : Si ça ne sert pas à lutter contre le gaspillage, à quoi sert le système de réservation ?

Agents : Peut-être à faire rentrer de l’argent, mais pas contre le gaspillage en tout cas !

FCPE : Et par rapport aux erreurs de pointage, qui entraînent des pénalités, quelle en est la cause ?

Agents : Il peut y avoir diverses raisons : des enfants qui ont le même prénom, un nom mal orthographié, ça arrive souvent à l’inscription surtout avec des familles qui ne parlent pas très bien français… Une fois par mois, il y a une vérification des pointages, ça permet de rectifier les grosses anomalies : par exemple toute une classe qui apparaît absente.

FCPE : Donc vous, vous n’avez pas moyen d’alerter les parents ?

Agents : Non, sauf si on constate quelque chose d’inhabituel. Il y a un poste de référent réservation sur la ville qui est là pour expliquer aux familles le fonctionnement du système. Etant donné le nombre de problèmes, c’est peu. Les pénalités, ça touche surtout les parents qui ne maîtrisent pas la langue.
Ils se retrouvent vite avec de grosses pénalités… Ce sont ceux qui payaient très peu avant, quinze centimes le repas…

FCPE : Vous avez ressenti les gros bugs de mars, qui ont conduit les élus à annuler les pénalités ?

Agents : Mars, non, je ne savais pas… Par contre en janvier, avec la commune nouvelle, il y a eu
un gros bug sur le système, avec beaucoup de problèmes…

* La direction du service enfance affirme que les agents ont accès aux réservations et peuvent alerter les parents. Ce qui est en contradiction avec le vécu des agents. Et poserait évidemment plusieurs questions : auraient-ils du temps dégagé pour ce travail en plus de s’occuper de nos enfants, dans un contexte de baisse du taux d’encadrement ? Auraient-ils accès à tous les parents, même ceux qui ne mettent pas leurs enfants en ADL ?

** Point confirmé lors du groupe de travail pénalités en mairie, le 26/05/25 : c’est un algorithme qui tient compte de la fréquentation passée qui permet de commander les repas ; avec seulement 71 % de repas effectivement réservés, la réservation ne peut servir à anticiper le nombre de repas nécessaires. La réservation ne peut donc servir à lutter contre le gaspillage alimentaire.